samedi 21 août 2010

The Malta Experience

Dans un pays chaud, pendant les vacances, ce que je n'aime pas c'est d'avoir sans cesse affaire avec l'ensemble de mon corps. C'est toujours mon corps de haut en bas qui proteste, qui s‘impose à moi-même, cette jambe blanche n‘est pas à moi, je le vois plus que d’habitude, ce n’est pas une idée qui me plaît, le voir en maillot, le voir bronzer, le voir subir le choc du soleil-chaud, de l’eau-froide. Je vois mes cuisses, mes jambes, qui a dit que je voulais les voir? J'ai toujours agréablement oublié mon corps derrière ma chemise et mon pantalon, j'étais chemise, j'étais pantalon, jamais corps, vêtue je suis déguisée mais aussi un peu mieux moi-même. Je dois me tourner pour regarder comment va mon dos, je suis sans cesse humiliée par la prédominance du corps et mes pensées soumises à ce nouveau rythme n'existent qu'en s'opposant, je les sens bouillir toute la journée. Les hommes marchent en maillot dans la ville, pieds nus, torse nu, je n'en demandais pas tant. L'inélégance est le mot d'ordre et l'excuse est la chaleur, l'humidité, je vois tout chez tout le monde, je suis assaillie, mitraillée de chair, rose, blanche, caramel, jusqu’à l’écœurement parfois, quand je commence à trop y penser. Des femmes je peux en voir presque tout le corps mais rarement leurs yeux cachés derrière leurs lunettes. Je n'ai pas affaire à des hommes, pas dans ces conditions. Je demande le visage, on m'offre des cuisses et des dos anonymes, abrutis.

Je me dis, je ne vais pas rester toute la journée à l'hôtel, alors je sors, je marche sur la côte, il n'y a ici que deux choses : des restaurants, des sortes de diner, et puis des boutiques de souvenirs qui débordent un peu de leur domaine et vendent des chaussures, des écharpes, des tongs, des sacs, des maillots, des paniers, que sais-je encore. Ca sent fort la mauvaise matière, le plastique des bouées, le skaï des chaussures et des produits bon marché exhalent sous le soleil une odeur chaude et chimique vite remplacée par des vapeurs de viande, de friture du snack à côté qui enchaînent sur une odeur d'essence, de ces odeurs qu’on pense autant nauséabonde que nocive. L'insupportable odeur de transpiration d'un homme qui passe devant moi vient me surprendre alors que je goûtais dans un mouvement d‘attirance-répulsion l‘odeur de l'essence, l’odeur d’un autre corps que moi, ce que vraiment je ne peux pas supporter. Le soleil, borgne, impitoyable, m'écrase du talon avec précision, si loin et pourtant si précis dans ses cibles. Ma peau est inconfortable, gercée, irritée, rêche à la piscine quand elle n'est pas trempée, brûlée, rougie sous le bleu autiste du ciel ; le contact avec moi-même m'est inconfortable, mes membres ne peuvent pas se toucher, ma peau ne peut pas s'éprouver, elle s'insupporte.
Mon seul plaisir je le trouve dans le réconfort et le soulagement de tous ces maux triviaux, indignes d'un homme : pénétrer le hall froid, frais et international de mon hôtel et puis ma chambre dans laquelle tourne incessamment l'air conditionnée, trouver des yeux "Le Monde" qui disparaît vite des kiosques et que je passe le plus clair de mon temps à chercher dans cette ville,. Seul objet qui me soit familier, réconfortant, qui me parle vraiment, trouve toujours des choses à me raconter sans qu’elles aient pourtant une vraie utilité, j’oublie vite mais j’aime qu’on me raconte des histoires lointaines mais réelles d'un monde que j'ai quitté pour deux semaines et duquel Malte est absolument exclu. Combien de villes et de pays rongés par l'ennui pour quelques villes excitantes? Je ne dis pas que rien ne se joue à Malte, qu'il n'y a pas dans les rapports humains et quotidiens des choses qui méritent d'être su, mais tout semble être plus dur pour celui qui vient d'arriver et qui repart bientôt, rien ne lui ait possible. Il ne peut que jouer au touriste et se gaver, se badigeonner des simili-charmes que lui offre l'île et qui ne correspondent à rien qui soit son authentique identité, son essence. Tout se joue ailleurs et je sais maintenant que le seul vertige du voyage ne s’éprouve que lorsqu’on perçoit par hasard et toujours par effleurement le quotidien des gens qui y vivent. Mais le touriste se mêle aux choses sans vraiment se mêler, il exige ce qui précisément l’éloigne de ce qu’il devrait vivre: un certain confort, le luxe et l’hospitalité dont il pense avoir droit, pas dépaysé culinairement, il mange des pizzas, des pâtes, des sandwichs et des hamburgers; il tombe de sommeil dans une chambre surclimatisée avec la chaîne de son pays à la télé, il va sur internet, comme moi, ne se déconnecte au fond jamais vraiment et parle anglais avec les serveurs et les réceptionnistes; toujours guidé, accompagné, rassuré, choyé. Il entre par effraction là où il devrait s’immiscer sur la pointe des pieds, s’excusant de déranger par caprice estival un peu de l’ordre du monde qui ne peut rien dire; Malte ne vit que du tourisme. L’exigence du touriste dénature le voyage, mais c’est aussi le pays qui intériorise ses exigences, s’oblige à plaire, à s'atténuer lui-même, à ne pas froisser par trop de folklore, d’opacité.
Je fais attention en traversant, il n'y a pas de passages piéton et je n'ai pas envie de mourir ici ni d'attirer l'attention sur moi. Je me réveille sans atermoiements, d’un coup, et réalise où je suis et que je suis affamée, on n'a pas une seule chose à manger dans la chambre et les repas, en dehors du déjeuner, se prennent à l'hôtel. Il y a un grand buffet et je mange comme on se console. J'aime ces laps de temps où ma mère ne parle pas de projets pour la journée ou pour demain et qu'elle me laisse l'illusion de croire que nous resterons dans la chambre à lire, à se moquer des chaînes allemandes et à dire des gros mots. Mais rien de tout cela: elle veut tout visiter et vite et ne se pose pas la question de savoir si cela vaut le coup ou non, mais je sens au fond de tous ces gestes l'épuisement de l'ennui qu'elle ne manifeste pas aussi explicitement que moi. Je refuse tout et passe la journée seule, me sentant épiée toute seule à la piscine, préférant remonter, prendre une douche, lire, allumer la télé et aller à la dérive; Lady Gaga me subjugue, les chaînes italiennes sont effrayantes. J'ai bien fait de ramener cette vingtaine de livres, savoir que je peux les lire, qu'ils sont là, que je ne manquerai pas de lectures, ça me soulage. Accompagnée je suis saoulée, seule je déprime vite, l'ennui n'offre aucun répit car même si on lit un très bon livre on est toujours embêté, tourmenté par les circonstances dans lesquelles on le lit.

lundi 16 août 2010

Pour peser la valise ma mère commence d'abord par se peser toute seule, puis enfin elle se pèse en portant la valise et en déduit son poids, visuellement ça donne un truc rigolo cette femme se penchant sur le côté pour mieux supporter la charge, un premier souvenir de vacances

Idéalement le voyage devrait être téléportation, c'est trop de contraintes qui me fatiguent rien que d'y penser : la valise, cet esprit de prévision, quel temps? quel besoin? comment recréer ailleurs l'espace intime, toute cette organisation, cette ponctualité, cette précision qui ne sont pas humaines, nous sommes oublieux, désorganisé, désordonné, le voyage est d'abord inhumain. Ici à cette heure tel siège, 15 kilos par personne, ces papiers, tous ces oublis à éviter, on devrait se laisser aller, prendre un toboggan et se retrouver tout de suite dans une autre ville.

En ramenant ses films et ses livres avec moi je ne joue pas le jeu du voyage, je ne joue pas le jeu du dépaysement.

Paris est effroyablement mélancolique et doux ces temps-ci, les promenades nocturnes sont d'excellente qualité, on se laisse aller à une triste joie de vivre, des touristes achètent des glaces, j'en achèterai bien si je n'étais pas toute seule, j'arrive à aller au café toute seule mais le café la nuit je n'assume pas encore alors je marche sans me fixer, et puis je ne sais jamais choisir alors je ne choisis pas et c'est peut-être mieux, ne pas choisir c'est ne rien exclure, en imagination je suis partout, à côté de cet homme seul, de cette famille qui mange et boit des choses dépareillées. Je n'aime pas l'idée de faire mes meilleures promenades au moment de partir, ça me rend morose.

jeudi 12 août 2010


"Qu'il fasse beau, qu'il fasse laid; c'est mon habitude d'aller sur les 5 heures du soir me promener au Palais-Royal. C'est moi qu'on voit, toujours seul, rêvant sur le banc d'Argenson. Je m'entretiens avec moi-même de politique, d'amour, de goût ou de philosophie. J'abandonne mon esprit à tout son libertinage. Je le laisse maître de suivre la première idée sage ou folle qui se présente, comme on voit dans l'allée de Foy nos jeunes dissolus marcher sur les pas d'une courtisane à l'air éventé, au visage riant, à l'oeil vif, au nez retroussé, quitter celle-ci pour une autre, les attaquant toutes et ne s'attachant à aucune. Mes pensées, ce sont mes catins. Si le temps est trop froid, ou pluvieux, je me réfugie au café de la Régence; là je m'amuse à voir jouer aux échecs. Paris est l'endroit du monde; et le café de la Régence est l'endroit de Paris où l'on joue le mieux à ce jeu." Le Neveu de Rameau - Denis Diderot

Je me demandais : existe-t-il pour les siècles passés des décennies qui trouvaient matière à se distinguer les unes des autres? Pouvait-on évoquer tout un imaginaire collectif en parlant des années 60 au 15ème siècle?
C'est actuellement bien commode de pouvoir penser aux années 60 ou aux années 80, Philippe Manoeuvre nous en parle sur Arte, on en connaît la mode, la musique, le mauvais goût, la naïveté inhérente au passé, et on aime se dire que telle décennie est dépassée et à présent inoffensive, qu'elle a eu son lot d'erreurs, ou qu'elle reviendra à la mode. Cela doit être rassurant de hachurer le temps en petites décennies, c'est très pratique pour tout le monde, on peut parler de la "beat generation", du "flower power" ou de la "new wave" et tout le monde comprend, tout le monde situe. Mais je me dis que ces décennies closes sont le résultat de ce qui au 15ème siècle n'existait pas aussi parfaitement que maintenant : les médias. Et si nous nous amusions à flouer un peu les frontières entre les décennies, à mettre en commun le temps des hommes, à le vivre comme nous sommes en train de le vivre, sans vue d'ensemble déformatrice. On hachure du mieux qu'on peut le passé proche, et plus on s'en éloigne plus cela devient lointain, incertain, on parle de siècle, d'"environ", de millénaire, et nos décennies si évocatrices tendent un jour à se perdre dans ces environs.
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Au Louvre il y a un moyen de repérer les visiteurs français, ils tiennent les plans à bordure bleu -une guide s'est jetée sur moi en m'abordant en français grâce à ça- ils sont souvent seuls et surtout : ils sont les seuls à lire les légendes sous les tableaux qui ne sont qu'en français.
C'est le moment de petite rencontre silencieuse, ou par un hasard on se retrouve poliment devant le même tableau, à lire la même légende qui suppose un rapprochement, sans savoir tout à coup comment se comporter, quoi regarder, combien de temps rester devant le tableau, comment ne pas donner à l'autre le sentiment qu'on le suit mais qu'en toute logique on va d'un tableau à l'autre...comme lui. Les yeux ne peuvent pas vraiment adopter d'attitude et s'embrouillent à exprimer une forme de neutralité, on ne peut pas faire le concentré ni l'indifférent, et le juste milieu est impossible, on se sent épié. Lorsque nous ne sommes pas observé du coin de l'oeil nous savons toutes ces choses. Le plus souvent cela se finit quand notre ami silencieux feint de ne pas jouer le même jeu que nous, et nous quitte pour une autre salle, sans regrets, nous rappelant ainsi à notre devoir de sérieux.

On devrait pouvoir tracer le cheminement des visiteurs dans un musée, entre les très lents, les trop rapides, les toujours-assis, ceux qui de tous les tableaux préfèrent toujours la fenêtre, ceux qui balaient du regard, ceux qui scrutent un peu trop en détails. Tracer le cheminement mais faire aussi une typologie des regards.

Souriant devant une oeuvre qui parlait d'un père condamné à mourir de faim et dont la fille qui venait lui rendre visite lui donnait le sein, tableau magnifique, un homme s'est presque précipité sur la légende pour voir qu'est-ce qui pouvait provoquer ce type de connivence avec un tableau. Essayer une fois, de pleurer, de sourire, de réagir devant une oeuvre, elle deviendra immédiatement la vôtre et on vous jalousera ce lien. A l'inverse prendre en photo c'est toujours et encore plus éloigner l'oeuvre de soi-même.

Aller au musée est toujours quelque chose de physique et de corporel :cela met en jeu tout le corps et finit par le fatiguer, j'ai beau me dire "n'y va pas en talons", même en espadrilles je me trouve toujours épuisée par le seul fait de soutenir si longtemps mon propre poids. Au musée tout est illuminé, tout se voit, tout est regard, notre champ d'action est à la fois très large et restreint par la seule présence des autres, une présence qui juge toujours, qui modèle l'espace : il faut donc beaucoup d'espace pour dissoudre les tensions sinon cela deviendrait vite étouffant d'implicite, "ici c'est à moi", "elle me colle trop", "il me gêne sans le savoir", etc.
On ne peut rien saisir, empoigner, on peut se raccrocher à un guide quelconque mais on est la plupart du temps démuni, il faut sans cesse exprimer de savantes attitudes lorsqu'on marche, lorsqu'on s'arrête, c'est un monde très subtil ou le rapport supposé individuel à l'oeuvre finit par ne plus pouvoir s'empêcher de considérer les autres autour.

On retrouve cette situation peu habituelle : se retrouver face à un tableau, que faire? Car on regarde toujours, les yeux ouverts ne peuvent pas s'empêcher de voir, on voit toujours, le tableau est devant moi et j'attends, pourtant une certaine méthode mentale et non perceptible du dehors doit faire la différence, doit me rendre la chose intéressante, où est le choc esthétique? Je ne cherche plus que ça, le reste m'intéresse peu.
Parfois je me fais surprendre, mais ce n'est jamais l'oeuvre mais toujours des pensées coïncidant avec une certaine oeuvre, je me revois la semaine dernière en train de fixer la cuisse diaphane de je ne sais quelle déesse, de chaudes larmes sont venues.
Mais le plus souvent je m'amuse, je balaie le tableau, je remarque les détails qui sont parfois le plus signifiant, les symboles disséminés un peu partout, symbolique évidente de l'époque et qui maintenant parait comme indéchiffrable. Les lions représentent la force et les anges sur les lions représentent l'amour plus fort que la force, les hyènes représentent le désaccord, la mort est toujours un squelette poussérieux tapi dans l'ombre, efficacement terrifiant. La salle Rubens est construite comme une énorme bande dessinée.

On peut toujours regarder deux choses dans un tableau :
- l'image, ce qui est représenté en dehors de son support, ce qui est un peu au devant de la toile : le ciel, l'arbre, le visage, par exemple
- tout ce qui doit être normalement oublié: l'état du support, son usure, le vernis, les craquelures, la peinture en tant que pigment, non pas le ciel mais le bleu qui joue au ciel, à la fin de ce petit jeu là le tableau devient tout abstrait.

Faut-il prêter une égale attention aux tableaux? Au début on essaye mais l'assiduité ne tient pas la distance, il faut savoir "feuilleter". On comprend que les chefs-d'oeuvres sont parfois reclus à des angles perdus d'une pièce sombre pendant que trônent des horreurs héroïques en pleine lumière. Au bout de deux heures on ne sait plus ce qu'on regarde, on ne sait plus pourquoi on regarde, on regarde mal, et partir est alors une bonne idée. De toute façon le temps d'arriver à la sortie on passe devant une centaine de tableaux, la visite continue malgré nous.

Il y a beaucoup d'ennui dans un musée, les gens pensent que le musée est bien pour tout le monde tout le temps. Qui veut comprendre qu'il faut aller au musée uniquement si l'envie se fait sentir, si vous vous lassez des images et des fausses couleurs de votre monde, que vos pensées désirent s'accrocher à des objets, que vous voulez éprouver le sentiment du sacré ou sentir le simple vertige du temps. Qu'est-ce que le temps? Certaines salles de musée l'expriment mieux que personne.
Je trouvais vertigineux le seul fait de me retrouver seule en milieu d'après-midi avec une tapisserie du Moyen-Age à qui personne ne pense, que personne ne regardait sauf moi, que je ne savais pas déchiffrer, que je ne trouvais pas belle mais qui me terrifiait énormément par sa pompe brillant derrière son mauvais état comme une vieille dame très maquillée, son sujet religieux, sa seule ancienneté qui m'ordonnait le respect. Elle n'avait rien de la figure du présent, de sa brièveté, de sa futilité, mais elle était bien là, exposée dans un musée en 2010, donc actuelle. Je pouvais m'amuser à la toucher, il y a des salles qui n'ont pas même besoin de surveillant, mais elle m'apparaissait comme forcément irréelle, pleine de valeurs bizarres. Tapisserie qui ne demandait rien à personne au fond d'une de ces salles bien tenues mais esseulées du Louvre. Ce n'est pas à elle qu'on mettrait une vitrine de protection, ce n'est pas elle qu'on prendrait en photo, mais elle tient tout de même à être conservée, accrochée au mur elle s'accroche à la vie, me faisant doucement la morale, me toisant comme je la toisais. C'était le présent qui toisait le passé et inversement, l'un se remettant en question par l'autre : qui est le passé, qui est le présent, qui va durer, qui croit durer.

Il y a ces groupes dissuasifs qu'on arrive à semer une fois les caisses passées, plus on entre en profondeur dans le Louvre moins il y a de personnes. On dirait que la pyramide de verre suffit à certains. Le groupe: il y a toujours celui qui traîne derrière, qui s'assoit là où il peut et étant le plus éloigné du chef de groupe sans qui personne n'organiserait rien et qui ne se pose qu'en temps voulu la question de la fatigue ou de la faim. Entre ces deux extrêmes les autres membres du groupes prennent place, le paresseux qui se guérit, la fatiguée qui sait se taire, etc.

On en voit beaucoup passer des touristes avachis comme un jour de fin du monde et pour qui la journée n'est qu'une succession d'attente entre deux pauses. Pourquoi imposer aux gens des musées si la disposition d'esprit n'y est pas? On ne leur dévoile rien, on leur gâche tout. La flânerie est le secret en toutes choses, un juste milieu entre distance et intérêt, activité et repos, concentration et divagation. Les touristes japonais sont les seuls qui ont l'air de requins, tous actifs jusqu'au plus jeune, ne regardant un tableau qu'à condition de placer un camescope ou un appareil photo entre eux et l'oeuvre. On passe son temps à éviter d'être dans le champ de leur machine de merde, en évitant leur champ on entre alors dans le champ d'un touriste allemand qui prenait lui aussi une photo de telle sorte que dans une grande salle la majorité de l'espace peut être implicitement occupée, hors d'accès.