mercredi 30 avril 2008

un jour j'avais dit à julie "si tu me vois un jour venir avec du vernis c'est que je me suis emmerdé chez moi", aujourd'hui quand on prendra le métro direction le café de la danse je lui dirai "tu remarques rien?" en agitant les doigts devant ses yeux. elle y verra du rouge, peut-être qu'elle ne distinguera pas les paillettes parce qu'elles sont vraiment discrètes et c'est tant mieux.

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je sais pas il devait être cinq heures, j'avais de mauvaises pensées, ça me terrorrisait alors j'ai essayé de regarder la télé, de m'amuser avec n'importe quoi, je voulais qu'une information, qu'une image, n'importe laquelle, recouvre toutes ces bêtises.
ça faisait la 8ème fois que je voyais le JT d'lci, parfois ça arrive quand je trouve pas la télécommande. j'ai finalement changé pour un documentaire sur les glaciers sur France 5, le chaîne ou les voix-off chuchotent, j'ai même écouté ce que le mec disait, j'ai regardé les glaciers fondrent, les glaciers mourirent, le mec faire des prévisions pour les centaines d'années à venir, dire que pour lui c'était comme un vieil ami auquel on disait adieu, je me suis dit que c'était n'importe quoi, toute cette propagande écologiste et à laquelle ce documentaire participait, c'est tellement pas intéréssant, ça n'apporte que du malheur et de la tristesse, personne n'a besoin de ça, à part nous rappeler notre impuissance, nous rappeler encore une fois que tout va s'effondrer, que rien ne durera, même pas la flamme du soldat inconnu, même pas les tableaux dans les musées, on cherche à savoir combien de temps il nous reste, on rêve d'un compte à rebours pour pouvoir vivre en fonction de lui.

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je me suis endormie, le lendemain c'était ally mcbeal ou comment assister à une vue par hélicoptère de new york la nuit un mercredi matin à courbevoie. il y a robert downey junior récemment arrivé dans la série, j'avais dit à ma soeur "il va se transformer en Iron Man" et on a rigolé, je le trouve trop beau.

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l'après midi
ça ne va pas toujours pas, je travaille mon SVT, j'ai envie de sortir, qu'on me force à faire un truc amusant, aller au planet hollywood, aller au jardin d'acclimatation, qu'on me paye une glace, la plus grande et la plus chère, qu'on me dise "allez on s'en fout de ton régime putain", qu'on me fasse manger, qu'on s'occupe de moi, qu'on m'emmène au cinéma, au restaurant, qu'on prenne le petit train du bois de boulogne, qu'on se dépense physiquement au tennis, qu'on m'emmène essayer des chaussures, des t-shirt, des parfums chez Sephora, des rouges à lèvres verts, qu'on aille écouter des disques à la fnac, dans les bornes où deux casques sont reliés pour un même disque, qu'on me ramène chez moi très tard, avec un énorme trajet en voiture, avec l'impression de traverser les états-unis, qu'on me dise "à demain", qu'on me dise "travaille tes bacs blanc hein", qu'on me dise "je t'embrasse" et qu'on le fasse, sur la joue pour commencer. puis chez moi, avoir à peine le temps d'être triste, d'être pensive, de m'endormir pour me réveiller et tout de suite me préparer et recommencer. un mois comme ça

je finis par sourire devant la glace et ça me fait rire, je dis "allez allez murielle, motivation, ta vie est coul, tu vas à un concert, tu vas manger un hot-dog, y'aura julie, tu vas revoir baptiste, y'aura myriam et jocelyn, tu vas rentrer tard". je sors un cd gai, je sors le best of de Supergrass, j'écoute "kiss of life", ok ça va un peu mieux.

lundi 28 avril 2008

11h moins le quart, alors je me réveille, je vais dans la cuisine, je mange les trucs habituels (vous savez), à la radio il a MGMT, la meuf (isabelle giordano je crois) dit que c'est la musique du moment qui met de bonne humeur et qu'il y a une page entière qui leurs est consacrée dans libé, après je retourne dans mon lit pour regarder ally mcbeal, je me dis que M6 épuise une série à partir du moment où il arrive à la diffuser sur toutes les tranches horaires qui existent.
avant je regardais cette série à 20H50, après à 22h après à 17h, maintenant c'est à 11h. bon l'épisode était pas top parce qu'il y avait trop de chant, un peu comme l'épisode comédie musicale de buffy, c'était le seul moment de toute la série où tu pouvais entendre la vraie voix de sarah michelle gellar et de willow la lesbienne.


à 13h on descend faire les courses avec myriam, ma mère est aux etats unis depuis une semaine avec emile alors on se charge de tout, elle revient samedi si vous voulez tout savoir.
on a 100€ pour deux semaines, on a encore rien dépenser et là on va au franprix parce que le ED est trop loin, le Auchan trop grand, le monoprix trop cher et toutes les caissières sont assez méchantes. le franprix c'est le truc parfait, un mélange de sous-marques et de marques normales, tu peux trouver du jambon Madrange comme du jambon prix futé et un choix interminable de yahourt, y'en a pour tous les goûts et pour "tout les portes-monnaie", c'est vraiment respectueux. on marche silencieusement au soleil, on a une petite idée de ce qu'on va prendre mais on sait qu'on veut pas trop dépenser pour pas avoir mal au coeur et culpabiliser, parfois tu te laisses aller à l'euphorie des rayons colorés, tu prends des trucs pour toute la famille et tu es trop excité, nous on est pas comme ça, on connaît la vie.

ma soeur boudait, elle disait que le ED c'était beaucoup mieux et que le Franprix c'était cher et petit, mais les gens se font une fausse idée du franprix, peut-être que le plafond est bas mais c'est vraiment grand et tu peux même t'y perdre si t'as pas le sens de l'orientation. en entrant je lui ai dit deux choses "mais nan c'est pas cher t'as vu le logo de merde" et "regarde comment c'est grand, tu vois j'avais raison"
ça faisait un peu 30-0 pour moi.

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prendre les 10 knacki prix futé ou les 6 herta (c'est un peu comme hésiter entre une paire de Atemi et de Nike), au porc ou a la volaille, une brosse à dents dure ou medium, des canettes de coca light ou une grande bouteille,du nesquik-plus ou du banania, des nouilles à la crevette ou au poulet, des chewing gum chlorophylle ou menthol. chaque choix est décisif, aucun retour en arrière n'est toléré. la nourriture c'est pas assez important pour que tu penses à aller faire des échanges ou des remboursements, on est pas en train de s'acheter un jean.


finalement on a pris du pain de mie, des liégeois, des crème caramel , 6 saucisses herta (tkt), des corn flakes, 6 paquets de nouilles boeuf/poulet/crevette, des betteraves, des paquets de mouchoirs pour le sac ou la poche, une brosse à dents Medium comme la taille de mes t-shirt, des bâtons salés, une bouteille de coca light, des crackers en triangle et du nesquik plus, on a payé 19,57€, ça allait on était assez fière de nous.
après on a sprinté pour tout mettre dans les sacs plastique, c'était trop excitant, et on est sorti en disant "au revoir au revoir", on aurait voulu être des habituées mais maman ne nous laisse pas faire les courses alors que ça la délesterait d'une tache, peut-être la plus fatigante.

on est repassé devant le petit café qui est en bas de chez nous sauf que cette fois-ci on tenait au bout de nos phalanges des sacs et un paquet de corn-flakes coincé entre les bras de ma soeur, ça montrait qu'on avait fait un truc, les gens pouvaient en juger.
sur le trajet on parle du pouvoir d'achat, on sent qu'on se fait avoir, on se dit "pauvre maman", on pense au famille d'M6 qui ont 12 enfants et un budget plus bas que le nôtre, les prix sur le ticket de caisse nous choquent de plus en plus, c'est fini la good life, tu dois faire gaffe au lait, à l'après-shampooing, une petite noisette au creux de la paume, pas plus.

on a même pas pris les fruits parce que pour les fruits il faut aller chez ED pour les avoir au meilleur prix, on voulait des petites pommes Pink Lady et des framboises mais on ira plus tard, on ira demain, on verra, y'a toujours les yahourts aux fruits, tu peux enlever les fruits du yahourt et les laver et les mettre dans un bol et ça te fait un petit bol de cerises un peu écrasées.

en rentrant ça sentait la viande et y'avait le bruit de l'aspirateur qui est au dessus des plaques, mon père a pris sa journée, il nous fabrique de la nourriture. on range les courses assez vite, comme toujours il nous demande s'il met du maïs dans la salade, je suis la meuf de la famille qui aime le maïs, je suis connue pour ça, je dis "oh oui" et je lui ramène la boîte. ensuite je la mélange pendant qu'il est au téléphone et je confis à ma soeur "les salades de papa elles sont mieux que celle de maman, mais tu lui répètes pas" en souriant un peu.

au milieu du repas je commence à saigner du nez, depuis quelques jours ça m'arrive, peut-être à cause de la chaleur, c'est assez choquant. quand j'étais petite je faisais des hémorragies dans les restaurants, on tirait sans compter les mouchoirs des boîtes, après j'avais le droit au bout de coton dans la narine. le débat "faut-il garder la tête en arrière ou en avant", ma mère flippait à l'idée que mes narines se dilatent trop alors je devais appuyer dessus pour qu'elles se resserrent. maintenant elle me dit de ne pas trop froncer les sourcils pour ne pas avoir de rides, elle s'occupe de l'harmonie de mon visage.

dimanche 27 avril 2008

on est sur la terrasse d'un café, à côté de la tour eiffel avec papa et myriam, je mange une salade parfaite et eux deux des sandwich qui ne valent rien à côté de mon plat fantastique, je suis la seule des trois à être au soleil mais il n'y en a presque plus. plus le temps passe et plus ça se couvre et mes cheveux rentrent dans ma bouche quand j'essaye de manger, à cause du vent principalement. je regarde les gens traverser, parfois je les vois deux fois quand ils font demi-tour, ma soeur me fait "les meufs se ressemblent toutes" quand une bonnasse en minijupe passe avec son mec, je lui réponds "non" même si je sais ce qu'elle veut dire mais j'ai réfléchi et les meufs ne se ressemblent pas, les meufs sont bien à quelques exceptions près.
une nana passe, elle porte un short en jean très court et des bleus un peu sur les cuisses, j'aime pas trop quand les meufs dévoilent un peu trop leurs corps, tu peux porter un jean quand il fait beau, t'auras pas chaud, c'est pas ça le problème, un jean et une chemise, tu peux aussi éviter les tongs, t'es pas obligé d'imposer ton corps à tous les gens qui se trouvent par hasard sur ton passage, ça peut les complexer ou les dégouter, mais certaines personnes ne respectent rien en dehors d'elles-mêmes, elles pensent que les passants ne font que passer, mais les passants pensent.

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je dis à myriam "j'ai les dents jaunes en ce moment", elle me dit "c'est peut-être à cause du café", j'avais pensé la même chose.
en fait juste avant je venais de commander un cappuccino et elle voulait pas que je le commande parce qu'il coûte 6€. le garçon de café me ramène une grosse tasse magnifique à bordure fleurie joliment rétro, ça devait être des orchidées roses, avec en fond une bordure noire à pois blanc, avant que notre table soit débarassée j'avais vu les tasses des clients qui nous précédaient et ça m'avait donné envie d'en posséder une pendant quelques minutes, j'ai même retourné la soucoupe pour voir qui faisait ces merveilles, il y avait marqué "Yves Deshoulières" (j'ai retenu) et en dessous "Décor inaltérable". L'idée que ces fleurs soient éternelles m'a plu.
La mousse de lait débordait outrageusement de la tasse, le chocolat en poudre régulièrement dispersé sur toute la surface, on pouvait facilement imaginer le café qui attendait calmement en dessous. ma soeur a subitement fermé sa gueule. je l'ai bu sans me poser de questions, il faisait doux, j'avais une semaine de libre devant et derrière moi,
et là j'ai pensé que le bonheur n'était qu'une question d'instants isolés que la mémoire se charge de recoller entre eux pour en faire une bonne guirlande électrique à ressortir quand tu veux.

samedi 26 avril 2008

je me réveille au son d'une pub garnier pour un nouveau gommage matifiant trop hydracoul, la pub me rentre dans le crâne, mon gommage neutrogena étant bientôt fini je me met à penser à moitié consciente que j'achèterai sûrement celui-là, je n'aime pas acheter deux fois le même produit, le plus souvent l'odeur me lasse et même s'il est très efficace j'aime changer de marques.
les produits viennent à moi.

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il doit être 11h ou 10h30, je me réveille tous les jours à cette heure-ci, ensuite je bois mon café avec des petits beurres, alors parfois le café est trop chaud et le petit-beurre se ramolit tellement qu'il fond et se détache du reste du biscuit encore dur et alors dans un geste précipité je prends ma cuillère et tente de le repêcher en prenant bien soin qu'il ne se désintègre pas.
au pire je le retrouve en lambeaux et sans goût au fond de la tasse.

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je me promène encore, indéfiniment, je me fixe des choses à faire pour la journée mais j'en réalise que la moitié, je suis dans paris et je tente d'éviter tous les petits mecs en orange qui viennent parler du paludisme à des gens déjà bien trop déprimés ou indifférents par habitude, et puis comme on ne peut pas leurs passer une grosse pièce pour les satifaire et qu'il faut parler compte bancaire et versement annuel ça terrorise complètement les gens. un jour un mec en bleu m'a raconté tout ce qu'il savait sur médecins sans frontières pour finalement réaliser que je lui servais à rien comme j'étais pas majeure.

vendredi 25 avril 2008


si je fais le choix de me confier à 23h, c'est qu'écrire à toujours signifier pour moi "se justifier" et c'est aussi que la nuit succédant à la soirée, je me sens comme un peu tous les soirs plus libre que d'habitude, je sais que j'ai la possibilité d'écrire (de me justifier) toute la nuit durant, sans limite de distance ni de temps, comme pour la promenade, je sais aussi que j'ai la possibilité de pouvoir tout supprimer ou ne rien publier, tout recommencer ou ne rien recommencer.ce temps et le privilège de pouvoir revenir sur ce qui a été dit en faisant disparaitre la première mauvaise version par la même occasion, je pense ne pouvoir trouver ça qu'en écriture. je ne vaux rien à l'oral et l'idée que mes paroles se perdent dans une oreille distraite me révolte. j'ai à la fois besoin que l'on m'écoute et que l'on m'aime.
écrire sur ce blog c'est aussi éviter d'écrire un mail ou même -j'y avais pensé- une lettre, au principal concerné.

j'ai rompu d'avec baptiste il y a environ 9 mois, cela faisait aussi 9 mois que nous étions ensemble, 9 mois qui pouvaient résumer à eux seuls une jeunesse et une première façon de vivre l'amour. j'ai rompu de la manière la plus brutale qui soit, raconter en détails la procédure me fait tellement mal et honte que je ne prends même plus la peine de la repenser. c'était juste brutal, assez dégueulasse et avec du recul il me semble que cet acte là fait partie du domaine des choses que j'accomplie mais qui ne me ressemblent pas, elles seraient alors régies par un truc que j'aime appeler -faute de trouver mieux- mon "esprit destructeur", cette tendance à détruire les bonnes choses de ma vie qui me semble être là depuis trop longtemps.

je ne pense pas rendre compte de cette facette un peu plus sombre de ma personnalité dans ce que j'écris alors qu'elle est moi plus que n'importe quelles autres facettes. je pense écrire des choses tristes, j'ai toujours beaucoup trop aimé la tristesse peu importe la façon qu'elle choisit pour se manifester, le regret, la nostalgie, la frustration, la lassitude, j'aime tout ses potes. Mais même si j'écris avec pour seule règle de finir sur une note grise ce n'est ni par complaisance ni par effet de style mais parce que faire autrement m'est juste impossible, écrire à toujours été pour moi un moyen de rentabiliser mes insuffisances, mes déceptions et ma mélancolie généralisée, ce qui finalement ne m'aide en rien à vivre, je le recycle ici, je transforme la merde en nourriture et c'est ce que je compte faire ce soir.

Donc pendant 9 mois je n'ai plus vécu toute seule, quand Baptiste n'était pas dans ma boîte mail il m'envoyait un SMS ou alors on s'appelait, je crois qu'il savait absolument tout de ma vie, je me souviens du chiffre 600 qui correspond au nombre de mail que j'avais reçu de sa part et encore nous n'étions pas près de la fin. J'ai donc vécu accompagnée, assez insouciante ou en tout cas d'une façon qui ne m'aurait pas permise de me laisser aller à l'état de dépression que je connais ces derniers temps. C'était une vie nickel, en y repensant et parce que je ne fais que ça en ce moment, je me vois bien vivre comme ça, avec un homme, toute ma vie.

Les premiers mois qui ont suivis la rupture j'allais vraiment très bien et je ne pensais plus du tout à lui, je me souviens lui avoir écrit sans trop de convictions qu'un jour, forcément, je regretterai tout ça mais je ne m'attendais pas à vivre l'exact négatif de la situation : lui heureux, moi très malheureuse. j'ai vite compris que j'aimais un peu trop ma solitude mais que si je voulais être heureuse -et je pense le vouloir- il fallait que je reste avec quelqu'un, que je m'éloigne le plus possible de cet esprit doucement destructeur pour ne pas obéir à des caprices que je regretterai 9 mois après. Je me suis toujours considérée comme quelqu'un de dangereux pour mon bonheur, de trop enclin à la souffrance , je suis une fille qu'on doit sauver à chaque instant et Baptiste était comme ça, il n'aimait pas me voir triste, il me motivait sans arrêt, et en y repensant je peux facilement en pleurer.


J'ai su sans demander qu'il était avec quelqu'un, j'ai appris à ne pas trop en souffrir et à ne pas trop en vouloir à la nouvelle fille, si elle était avec lui elle devait forcément avoir quelque chose et c'était maintenant à mon tour de m'en prendre plein la gueule, d'encaisser si possible en silence pour sauver l'honneur.
C'est pour ça que faire ces confidences revient à m'avouer vaincue, à prendre le risque de me faire lire par Baptiste même si je doute qu'il prenne maintenant la peine de me lire. Mais ce soir je suis rentrée du cinéma plus faible que d'habitude, je sentais mes jambes affaiblies par l'amerthume, j'ai eu du mal à me diriger vers les toilettes et j'ai donc décidé que cette nuit serait celle de la sincérité. Je n'aurai pas pu, enfin si j'aurai pu mais assez difficilement, m'endormir avec ces sentiments secrets encore en moi.
Ces derniers temps je n'ai pas cessé de penser à lui, parfois je parlais de lui à ma soeur en prenant le risque de lui faire dire "tu le kiffes encore", une fois elle me l'a sorti et je me suis sentie très mal, j'ai trouvé la vérité inacceptable. elle semblait rigoler, j'étais vraiment très sérieuse, je lui ai bien sûr répondu "nan trop pas".

J'ai fini par m'accomoder à l'idée que Baptiste finirait par être le seul garçon de ma vie, je nous vois bien ensemble, je nous vois bien manger une conserve de raviolis au boeuf, j'ai l'impression qu'il fait partie de ma famille, qu'il est aussi indispensable et irremplaçable que l'un des miens, il ignore certaines choses extrêmement inavouables à mon sujet mais je me sens prête à les lui dire. A côté de ça je me sens incapable de lui réadresser la parole, de le regarder dans les yeux sans rougir de honte car j'ai extrêmement honte de moi et peur de lui, j'ai peur qu'il me traite sérieusement de salope, qu'il me tire les cheveux.
Je pense ne rien lui demander même si secrètement je lui demande tout : le pardon, l'amour et le bonheur de nouveau, je lui demande de ne pas me croire quand je lui dis "je veux plus être avec toi" ou n'importe quelle autre variante de cette expression. Je ne lui dis pas "reviens-moi", je lui dis juste "maintenant tu sais presque tout". Il faut qu'il sache aussi que j'ai 16 ans, bientôt 17 et je n'accepte pas de faire des erreurs mais que j'en referrai des tonnes.

forcément demain je vais "désaouler" et tout regretter, le matin a tendance à me réconcilier avec moi-même. si c'est le cas, alors j'enlèverai le texte.

mercredi 23 avril 2008







un vrai artiste, un génie, se trompe rarement dans ce qu'il fait et non pas le contraire. le contraire c'est réussir à avoir quelques bonnes idées de temps en temps et ça c'est un peu tout le monde, un artiste est toujours fort, peut-être pas dans sa vie mais en tout cas dans son art. c'est ce que je me suis dit après avoir vu l'expo Man Ray à la Pinacothèque qui était légèrement sans intérêt, on était loin de l'expo Chaïm Soutine où j'avais réussi à faire s'écouler 1h30.

j'avais rendez-vous avec Cécilia après mon déjeuner en compagnie de E., on s'était retrouvé dans un restaurant japonais, la flemme de déchiffrer le menu m'avait fait prendre la même chose que lui. pendant les heures précédant le rendez-vous, il y avait toujours l'angoisse de ne rien avoir à lui dire mais si j'ai mis peu de temps à répondre à son idée d'aller boire un verre quelque part c'est que je savais qu'on allait s'amuser.
je crois que ça m'a fait du bien, la soupe aux champignons, les maki et nos discussions bien foutues. je trouve qu'on se cultive de la même façon, sans gravité, en rigolant mais sans jamais s'arrêter et j'aime beaucoup les personnes comme ça. on pensait sérieusement à se revoir parce qu'on envisageait la possibilité de se prêter des livres et des DVD, il trouve que la famille et les amis c'est le plus important et je suis d'accord avec lui, maintenant que j'ai ma bande de l'UGC je sais que j'ai besoin de ces meufs et il me faut ma famille pour qu'à chaque fois que je rentre d'une mauvaise journée on puisse enfin m'accepter comme je suis, me traiter de "connasse" 5 fois par jour et me préparer du riz avec une big tasse de café.

en attendant Cécilia à la Défense je suis partie à la recherche d'un manuel qui regrouperait toutes les matières histoire de commencer à réviser mon bac blanc, la démarche d'aller l'acheter me semblait être un premier grand pas vers la révision.
j'ai eu du mal à trouver un truc spécial 1ere L, il n'y en avait que pour les S et ça m'a un peu énervé. au passage j'ai pris un cahier de brouillon grand format que je désirais de la même couleur vert-dégueu que mon manuel mais il n'y avait plus que des jaunes, je faisais un peu la gueule entre les rayons et j'ai fini par relâcher mes traits à l'idée que mes problèmes étaient ceux d'une lycéenne lambda comme jamais. j'ai payé le tout 15€ tout en cassant intentionnellement mon billet de 50€ pour l'expo. j'ai trouvé que je raquais trop d'argent en ce moment, entre les 2 livres, le japonais et le t-shirt vintage.

Cécilia m'a rejoint dans les toilettes à côté de "Maisons du monde", on s'est retrouvé comme toujours assez naturellement, un petit "salut" et une discussion qui commence avec la marche.
Elle était déprimée et elle a fini part me dire que c'était parce qu'elle avait vu sur le site du lycée qu'elle avait eu 5/20 à son bac blanc de français, je m'attendais à une raison plus grave, un truc en rapport avec les sentiments et les humains et non pas les notes, j'ai senti que c'était le moment de jouer mon rôle d'amie et je lui ai dit qu'on devait s'en foutre des notes, qu'on était un peu au-dessus de ça, qu'on acceptait difficilement les jeux ridicules de la scolarité, qu'on aimait trop lire contrairement aux meufs de ES qui avait 16/20 et qui étaient des putes, ça me faisait penser à E. et à ses "intellectuels précaires", je lui avais répondu que je serais peut-être pas intellectuelle mais précaire mh ça ouais.

Les filles de ma bande sont toutes marquées par un profond désintérêt pour les études, moi plus que d'autres et moi avant tout le monde, contrairement à beaucoup ce n'est pas qu'une forme comme une autre de rébellion mais une réalité plus criante que les autres depuis le début de ma scolarité. j'ai eu un "avertissement de travail" pour le 2ème trimestre et quand lors du conseil les profs ont commencé à parler de moi à la 3eme personne alors que j'étais à côté en train de remplir mon rôle de déléguée, je me suis juste sentie ennuyée pour ma mère qui allait sûrement me crier dessus plusieurs jours d'affilée, chaque jour d'un ton de plus en plus bas, jusqu'à que mon échec se fasse oublier.


pendant l'expo j'ai pris des photos jusqu'à la fin alors que c'était interdit, le monsieur m'a demandé si j'en avais pris beaucoup et je lui ai dit "5" alors que j'en avais une bonne vingtaine.
la pinacothèque n'est pas un très bon musée, les salles d'exposition sont toutes sans fenêtre et aux plafonds très bas, il y a trop de vigiles et on ne peut jamais prendre de photos même de choses assez bêtes, les expositions sont très inégales, c'est un peu n'importe quoi.

dans le métro je mange une petite pomme et Cécilia me raconte qu'elle a deux maisons à la campagne mais qu'elle n'aime pas y aller parce qu'elle ne voit personne et moi je lui réponds que je l'envie, qu'une maison de campagne c'est bien ne serait-ce que pour se rendre compte qu'on aime la ville ou encore pour se cloitrer dans un endroit un peu plus spacieux qu'une chambre.
on a rejoint anaïs à la défense pour aller voir "Funny Games U.S", la bande-annonce nous avait marquées et on s'était toutes regardé avec des points d'interrogation dans les yeux, je trouvais l'affiche parfaite et j'aime bien les films d'Haneke.
pendant les bandes-annonces on mange les BN petit déjeuner de Cécilia, 84 kcal par biscuit. vers la fin du film Cécilia me dit "je pense que j'aime pas le film" et moi je dis que je l'aime. au moment d'aller chacune de notre côté je leurs promets de les tenir au courant à propos de mon idée de pique-nique. il y aura des hot-dog, des tomates, des oeufs durs, et de vrais BN à la vanille, pas les petit dejeuner.
dans le train je rédige dans ma tête une critique du film.

chez moi il y avait l'ami beau gosse de ma soeur, il va au concert de Why et s'appelle Jocelyn. j'espérais qu'il resterait pour regarder la nouvelle star avec ma soeur et qu'on aurait pu rigoler de bon coeur ensemble toute la nuit mais il est parti et a dit à ma soeur de me dire "au revoir".
en faisant la vaisselle je pouvais voir comment se portait le ciel, il était 20h dans tout le fuseau horaire, il faisait encore très beau et assez clair pour ne pas allumer les lumières des pièces dans lesquelles on se trouvait, j'avais encore très envie de sortir mais nulle part où aller et j'ai finalement trouvé des dragibus sur la table basse du salon, j'en ai mangé une dizaine.

mardi 22 avril 2008








je suis allée à l'exposition Cellar Door du Palais de Tokyo, j'ai rien compris et j'ai pas lutté comme je le fais normalement. j'ai laissé couler, j'ai simplement essayé de trouver ça beau et puis c'est pas comme si j'avais payé mon billet.
En sortant il faisait vraiment très très beau et j'ai complètement oublier de m'arrêter de marcher, et j'ai bien tenu plus de 2h,
je regardais mes pieds, springcourt gauche, springcourt droite, springcourt gauche, springcourt droite, j'ai essayé de prendre des chemins que je ne connaissais pas, la dentelle des feuilles d'arbre alternait zone d'ombre et zone ensoleillée sur l'asphalte, parfois je croisais des bancs et de vieux couples que je finissais par dépasser.

près du théâtre de chaillot j'ai vu pedro winter en pleine séance photo, il portait un t-shirt blanc avec écrit "ed banger record" en rose fluo et il avait des lunettes de soleil un peu comme des wayfarer, je ne me suis pas arrêtée, j'ai juste un peu ralenti parce que c'était marrant. j'hésitais à enlever ma veste et à me mettre en t-shirt parce que je commençais un peu à étouffer mais finalement je l'ai gardé, y'avait des manifestants "Free tibet" et des mecs qui faisait du hip-hop devant un public qui attendait d'être impressionné.

j'ai pris le risque de me faire déprimer par le Jardin du Trocadéro parce que les parcs me dépriment toujours énormément, le calme endimanché, les couples sur la pelouse, les bancs et les enfants, les marguerites et l'odeur idéale de la pelouse, le manège et les aires de jeux, toutes ces choses, ça a toujours été trop pour moi, j'ai jamais réussi à m'y habituer, j'ai toujours eu un peu envie de m'évanouir.

il y avait un petit kiosque qui vendait des boissons et des hotdogs, j'ai vu un petit mec qui mangeait le sien en attendant que le feu passe au rouge, la saucisse lisse entre deux bouts de baguette à failli m'émouvoir aux larmes, sa vue suffisait presque à me nourrir, je pouvais deviner sa saveur pique-nique tout juste sortie de l'aluminium, je me suis promis d'y retourner très vite avec une copine ou un inconnu et de m'en acheter un suivi d'un sorbet que j'achèterai un peu plus loin sous la tour eiffel, mais j'avais déjà manger un cornet à la vanille leader price chez moi et je voulais pas manger 2 glaces en un jour.
j'ai dû avaler plusieurs moucherons, ceux qui t'attendent entre deux rangées de buissons et qui te foncent dessus, alors j'ai ouvert ma canette de pepsi qui était dans ma besace pour les faire passer.

un mec essaye de me vendre ses Tour Eiffel, je lui dis "non merci" et me met à penser que la tour eiffel est à mes yeux aussi banale qu'un stylo Bic et que comme devant la neige, je tente vainement de m'émerveiller à sa vue. elle est figée dans le ciel, on dirait que même si elle se fait détruire sa marque restera là, on pourra encore la voir tellement elle est ici depuis longtemps. de près et à certains endroits on dirait qu'elle est faite de dentelle, elle me fait penser à un arbre qui aurait fusionné avec un building, un truc dans le genre.

à ses pieds, à la façon de petites fourmis multicolores, il y a les touristes, ils font la queue pour grimper dessus, ils ont des habits bizarres et des sacs remplis comme des maisons avec des chaussures de marche compliquées, certains tiennent d'énormes cornet de glace rose pour mieux patienter, moi je passe à travers eux, je me fais des bains de bouche de pepsi que je finis par avaler.

ma promenade improvisée me semblait être la meilleure chose à faire ce jour-là, une fois qu'il fera trop chaud j'éviterai de sortir de chez moi et le monde se limitera à la vue que voudra bien m'offrir ma terrasse. je me promène avant qu'il ne fasse trop jaune dans les rues, avant qu'on commence à voir les pieds, les jambes et les bras de tout le monde partout.
vers 19h j'en ai eu assez, ce n'était plus la ville-monument mais les petits commerces et le Picard, j'avais les mêmes à Courbevoie alors ça ne m'a pas plu et je suis rentrée.


cela fait deux jours de suite que je me promène dans paris sans limite de distance ni d'heure, je rentre au moment où je sens mon corps craquer.
je crois que ça me fait du bien, je ne me vois pas faire autre chose de mes vacances, je m'amuse beaucoup. hier j'ai fait un peu les boutiques, je me suis achetée un t-shirt vintage chez citadium et deux livres chez gibert, j'ai regardé les meufs qui se vendent de la rue saint-denis et les sacs très chers des galeries lafayette, j'observe une petite tranche du monde, j'ai mon opinion sur chaque endroit, chaque personne que je croise. parfois j'aimerais qu'on m'accompagne mais c'est comme sur msn, tout le monde est occupé.

samedi 19 avril 2008

ce matin vers 13h je consulte comme tous les jours que dieu fabrique ma page Netvibes, ainsi d'un seul coup d'oeil je peux voir mes mails, la météo dans ma ville, les nouveaux articles de blog que je lis, les titres du monde et de libération. dans l'onglet libération je tombe sur "650 passagers d'un Eurostar bloqués toute la nuit dans le Nord" et comme à chaque fois que j'apprends une telle nouvelle je ne peux m'empêcher d'envier chacun des passagers qui a eu la chance de voir ses projets reportés le temps de quelques heures qui se sont vite transformées en une nuit entière. peut-être que j'idéalise comme on pourrait idéaliser l'amour après avoir vu "moulin rouge" mais l'idée d'être bloquée et de ne pouvoir rien faire d'autres que parler à des gens autour de nous, ou pourquoi pas tomber amoureuse, me réjouit trop. d'ailleurs quand il m'arrive d'être dans une rame de métro ou dans un wagon de transilien avec pas loin un garçon qui a toutes les chances d'être fait pour moi, j'invoque l'esprit du chemin de fer pour m'accorder le temps de faire mes preuves, tant pis pour les yuppies en mousse qui seront en retard et pour les autres qui aiment juste que les choses aillent vite même quand rien ne les attend au bout.
Bien sûr ça marche rarement comme je le souhaite, pour en rajouter le mec descend avant moi et ça me vexe toujours un peu, s'il m'aimait vraiment il me suivrait jusqu'à que je rentre chez moi et reviendrait le lendemain et reviendrait d'ailleurs tous ces fameux jours que dieu fabrique.
alors voilà, 650 passagers qui ont aimé se plaindre toute une nuit et qui seront remboursés, moi ça me fait dire que quand on n'arrive pas à réunir les gens, avec tout ce que ça implique comme discussions et complicité naissante : il faut employer les grands moyens.

je vois dans cette nouvelle l'unique façon de réaliser mon fantasme de rassemblement, un woodstock à petite échelle, quelques CD et des knacki balls, rien de très fou

mercredi 16 avril 2008


En attendant la prof de français les filles m'ont raconté qu'en histoiregéo le prof a dit à la classe qu'il avait annoncé à M. Delmas qui est un autre prof d'histoiregéo, qu'une de ses élèves, moi-même, "l'aimait bien". Ca devait être ça et si la formule n'est pas exacte cela ne signifiait qu'une seule chose : qu'une de ses élèves était amoureuse de lui, avec tout ce qu'on peut mettre d'admiration aveugle, de chuchotements et ricanements de filles dans ce terme. J'ai appris qu'il avait été très content et que je ne l'aurai pas l'année prochaine.
Je n'ai jamais eu M. Delmas, je l'ai croisé un nombre incalculable de fois et c'est récemment que j'ai remarqué qu'il me plaisait, et que de le voir fumer devant le portail du lycée avec son manteau noir me rendait heureuse. Je sais des choses sur lui qui me plaisent, je sais que sa voix est encore adolescente, que les rares fois où il s'est adressé à notre classe il s'est toujours montré drôle et quand il m'est arrivé de saisir par hasard une bribe de conversation qu'il avait avec un de ses élèves je l'ai toujours trouvé plein d'esprit, émouvant.

On me fait souvent remarquer ma préférence pour les adultes, moi-même je le sais depuis quelques années. C'est que je n'ai aucune limite, l'âge et la profession ne m'ont jamais arrêtée dans ma quête de la présence parfaite et je revendique, à défaut de pouvoir faire autrement, ma propension à être plus souvent attirée par des adultes que par des garçons de mon âge. Les garçons de mon âge que je croise me semblent être tous des connards. Les adultes, eux, ont quelque chose de bouleversant, de superbe, un regard pourvu de gravité, une gentillesse inhérente à leur intelligence là où les garçons de mon âge ne montrent que férocité et intolérance. Les quelques fois où j'ai pu cotôyer un homme de près il m'a toujours fait découvrir en un temps record des choses sur la musique, la littérature, ma propre vie et mes sentiments et de la plus belle façon qu'il soit, avec bienveillance et (parfois) amour. Certaines rencontres sont pour moi des piliers isolés du reste sur lesquels je peux m'appuyer et exercer la plus douloureuse de mes nostalgies.

Mais je me suis habituée aux formes que pouvait prendre l'injustice dans ma vie, et rencontrer des gens qui par leurs récurrentes apparitions font partie de votre quotidien et à qui vous accorderiez volontiers plus de temps sans pouvoir le faire parce que les règles sont faites de telles sortes que parler à une personne qu'on ne connait pas est déraisonnable, malvenu et mal vu et qu'il faut laisser le hasard faire venir les gens à nous et faire avec ceux qu'on nous attribue, c'est une injustice que je n'accepterai jamais.
Ouvert comme il semble l'être et parce qu'il est adulte, M. Delmas m'aurait toléré dans sa vie et nous aurions pu nous rendre mutuellement heureux.

la journée était bizarre, je commençais à 11h, au début j'étais en retard pour prendre le train alors je suis rentrée chez moi, j'ai travaillé ma radio vernis, la deuxième fois le train avait 15 minutes de retard à cause des manifestations, je suis encore rentrée chez moi pour n'aller au lycée qu'à 14h. en attendant j'ai fini et mis en ligne ma radio vernis, j'ai bu un cappuccino que j'ai comme toujours excessivement saupoudré de nesquik, je mange la mousse avec la poudre de chocolat, c'est le meilleur moment, ensuite je bois plus sérieusement le café, c'est le moment utile, le café qui réveillera.
mon père est rentré pour manger, j'étais dans sa chambre car ma connexion wifi ne marche plus trop en ce moment et il faut rapprocher les ordinateurs de la freebox qui est dans sa chambre. je lui ai dit que je commençais à 14h, il n'a pas à savoir que j'ai raté à deux reprises l'occasion d'aller en cours, ça ne regarde que moi. ma soeur est rentrée de son école de conduite, elle m'a vu dans sa chambre et a compris, elle m'a vu rentré une première fois à la maison, je me suis levée pour lui expliquer, je lui ai demandé si elle voulait de mon sandwich, que j'avais normalement préparé pour Julie, tout en buvant des gorgées de pepsi max. la veille elle m'avait demandé de la réveiller vers 10h, à 10h je lui ai dit "myriam lève toi" et j'ai mis "Ambulance Blues" de Neil Young que j'avais écouté la veille au soir, cette chanson dure 8 minutes mais on ne les sent pas passer, elle se trouve sur l'album "On the beach". Le climax se situe au moment où neil young chante "there is nothing like a friend" avec sa voix qui chancelle sur le dernier mot. en l'écoutant je me suis demandé si c'était plutôt une chanson pour la nuit ou pour le jour et j'ai fini par faire ça pour tout un tas de chansons qui me venaient à l'esprit. on peut aussi faire ça pour des groupes

ramones - après-midi, goûter 15h 18h aussi
belle et sebastian - matin de 6 à 8h
the vines - 10h - midi
talking heads - 13h - 18h
blondie - soir mais dans une boîte et pas du tout en extérieur, à la limite dans une voiture, 21h - 02h
the smiths - à définir


*

je porte une marinière blanche à rayures rose fuschia h&m, une veste marron en velours côtelé Sisley que ma mère m'a acheté à la toute fin des soldes, quand on se promène dans les magasins sans exigences particulières et qu'on prend ce qu'on trouve et qui se trouve être miraculeusement à notre taille, c'est le moment où les mères sont au téléphone et commencent leurs phrases par des "ça te plairait...", avec cette veste ça s'était exactement passé comme ça et je m'imaginais la porter par dessus toutes mes tenues quand il ferait soleil.
Sur les jambes et les cuisses j'ai un ancien jean brut levi's avec des fils qui pendent depuis qu'on a défait l'ourlet, aux pieds mes talons compensés marrons Camper que j'ai eu pour mes 16 ans et que j'aime toujours autant, ma besace upla grise à mon épaule, avec dedans, en dehors de mes cahiers, un gilet bleu marine et une écharpe bleu marine à fleur.

Après les cours je suis allée à la fnac avec julie et marie, charlette nous a aussi accompagné comme c'était sur son trajet. la discussion s'est close sur ma décision de fermer mon blog "Ouais bon" car je suis plus à l'aise sur Tranches et tenir deux blogs qui raconte la même chose ne veut rien dire, je m'en rends bien compte. j'ai dit "enfin c'est triste parce que Ouais bon c'est depuis mes 14 ans" sans y croire vraiment, je sais que je ne m'attache pas à ce genre de détails, je suis du genre à être préparée à l'idée que tout se finit un jour.
Julie a acheté sa place pour "Why?", elle m'accompagne, c'est le 30 avril au café de la danse, j'ai passé la journée à lui dire que c'était à la Maroquinerie sans savoir pourquoi, je confondais avec le concert d'Alister auquel je n'assisterai pas.
le dernier album de Why -le seul que je connaisse pour l'instant-me semble parfait, avec une préférence pour la 1 et la 3, la 2 et la 4 je les ai trop saignées, la 7 est émouvante. Ca faisait depuis quelques temps que je n'avais pas aimé un album récent dans son intégralité, ça m'inquiétait un peu. je pense qu'il faut des livres, des films et des CD sur lesquels on puisse s'appuyer, se repérer, sur lesquels les différents âges de notre vie peuvent aisément se retrouver, presque se revivre. ce sont des choses qui rappellent des souvenirs à la mémoire de façon puissante, parfois violente mais toujours efficace.

Dans le bus du retour j'ai lu "des souris et des hommes" qui est un livre touchant. je lis un peu moins qu'avant, j'ai eu ma période de lecture intense, maintenant je suis plus portée vers la musique, les journées me semblent courtes, je n'ai pas le temps de faire ce que je veux et il m'arrive de me reconnecter sur msn, ça prend facilement 3 heures de mon temps mais ça n'est pas désagréable parce que j'ai de bonnes discussions.

*

en ce moment je me laisse pousser les ongles ou plutôt je ne me les coupe plus, depuis quelques années j'avais pris l'habitude de toujours les couper extrêmement courts pour une question d'obsession et de propreté. très souvent mes ongles coupés à ras me faisaient souffrir, maintenant ils sont quand même assez longs et je me rends compte que ce changement minuscule et discret me satisfait, m'amuse, me fait plaisir, autant qu'une nouvelle coupe, qu'une nouvelle crème pour les mains.je passe mon temps à regarder les ongles parfaits de mes deux pouces, à les montrer à tout le monde, à julie qui ne sait plus quoi me répondre, à ma soeur qui, au moment de la réveiller, à eu droit à mon pouce dans son oeil ponctué d'un "mate comme c'est beau". plus tard je leurs mettrais du vernis prune par exemple, ça sera classe, je pourrais même m'accorder le droit d'enfiler des bagues, ce serait fou.

vendredi 11 avril 2008

on était en mathématiques, en salle informatique, et on devait écrire notre nom dans le petit carnet pour que si jamais il y a un problème on puisse voir qui a utilisé l'ordinateur en dernier. Julie me faisait remarquer qu'un mec avait écrit "Luke Skywalker" et ça nous amusait. Moi j'en étais déjà à écrire "Murielle" et je voulais mettre un nom de famille drôle alors je réfléchis longtemps à base de "mmmh, euh...Murielle..." et Augustin qui était quand même assez loin de moi mais tout de même à portée de voix me dit "Murielle Costil". J'ai eu un fou rire. Costil c'est son nom de famille et je le soupçonne depuis toujours d'être amoureux de moi ou quelque chose d'un peu moins fort, moi aussi j'étais plus ou moins amoureuse de lui au début de l'année mais ça s'est gravement estompé, et puis il a une petite amie mais ça ne l'empêche pas de me fixer, de me demander ce que je lis, de me poser des question, de s'intérésser de façon touchante à moi. On se taquine.
La chute c'est que j'ai écrit "Murielle Costil" dans le petit carnet Super Conquérant et que j'ai pas mal souri le restant de la journée, une preuve d'amour aussi flagrante, presque maladroite, c'était vraiment un cadeau de la vie.



J'ai une petite tâche rouge, enfin rose plutôt que rouge au niveau du poignet.C'était il y a deux jours, je me suis maladroitement brûlée avec ma lampe de bureau, au début ça faisait mal, maintenant il n'y a plus que la tâche, elle ressemble à celle, d'ailleurs c'est exactement la même, que possède ma mère au niveau du genou, elle l'a depuis un peu toujours et je revois encore ses jambes jaunes caractéristique du débronzage libanais et déséchées, que laisse découvrir sa chemise de nuit usée, ses pantoufles et la petite tâche.
Je pense sérieusement que ma tâche à moi disparaitra mais elle semble tellement foncée et ses contours sont si précis qu'elle pourrait bien rester là toute ma vie, ça me dérange pas trop, j'ai appris à accepter un corps maculé, un corps qui vit. J'ai déjà quelques cicatrices indélébiles avec lesquelles je vis bien : celle de l'arête de mon nez mais qui tend à disparaître bientôt et qui est le résultat d'une bataille d'agendas en 3eme, puis cette espèce de point noir incarné sur l'avant-bras, celui-ci c'est ma soeur qui me l'a offert en m'enfonçant un stylo noir dans la peau, l'encre y est restée, c'est une histoire bizarre mais belle, je suis à 0,00000001% composée d'encre.

jeudi 10 avril 2008

il y avait une pub pour le nouveau Glamour sur la façade d'un kiosque. j'ai pensé au choix que j'avais fait il y a quelques mois de ne plus lire la presse féminine, je me suis dit que le magazine et ses lectrices se débrouillaient bien sans moi et que l'on peut décider des mondes auxquels on veut participer, des choses auxquelles on tient à être au courant.
je ne fais plus partie du monde de la presse féminine et je suis contente de ne pas en ressentir le manque. Je remarque que les quelques plaisirs que je pouvais avoir avant, télévision et émissions connes, presse féminine et test débiles, tout ces trucs j'ai su m'en débarasser sans forcer, sans censurer mes envies, naturellement, comme on vide son armoire des vêtements qui y dépérissent, et puis on se rend compte que ce qu'il y a à la télé ou dans les magazines ce n'est pas ce qu'on espère de la vie et que certaines choses nous embêtent ou nous font souffrir à l'idée qu'elles puissent exister, les ignorer se trouve être une façon aussi efficace qu'une autre de les détruire. une vie entourée uniquement des choses que l'on aime et estime -à défaut des personnes- est possible.

mardi 8 avril 2008

il avait neigé toute la nuit, je me souviens m'être éveillée un instant peut-être à cause de la lampe de chevet qui était allumée, l'idée que seule l'effet de la lumière puisse réveiller m'a toujours paru curieux, le bruit c'est compréhensible, la lumière un peu moins. ma soeur révisait silencieusement, il devait être 5h du matin, je crois qu'elle me l'a dit parce que j'étais trop sonnée pour comprendre les aiguilles de ma montre, je m'étais endormie trois heures plus tôt, juste avant j'avais regardé la neige qui atterrisait sur la pointe des pieds et recouvrait la ville, j'avais tenté de la prendre en photo, j'avais souhaité qu'elle m'émerveille comme avant, j'avais un peu lu Jack London et je m'étais applatie sur le ventre pour m'endormir. je me souviens lui avoir parlé, avoir eu assez d'esprit pour articuler une opinion sur les saisons, je lui ai dit un truc du genre "c'est fini les saisons, maintenant ça va être mélangé toute l'année", un peu plus tard dans la journée sur un escalator je racontais la même chose à Charlette et Cécilia en ajoutant qu'en primaire on prendrait même plus la peine de faire apprendre le nom des saisons dans les cahiers d'éveil, on aurait même plus de feuilles d'automne et de fleurs de printemps à colorier, on se défoulerait même plus à remplir de jaune les grandes surfaces des soleils. Cette idée ne me fait pas peur, le mélange des saisons, l'incohérence du temps ont quelque chose d'excitant, on voit le soleil, la pluie et la neige dans la même journée, les quelques instants de chaleur nous rappellent nos hanches et nos bras trop épais qu'il va falloir découvrir un de ces jours, le lendemain le froid nous accorde quelques jours de sursis et on mange de la brioche aux pépites de chocolat en pull col V.

dimanche 6 avril 2008

je mangeais une salade de riz ou alors des fraises et ma mère devait faire la vaisselle ou nettoyer le plan de travail, rien n'est vraiment sûr mais je sais que sans se retourner elle m'a dit "regarde Murielle y'a de la grêle", c'est la première fois que je sentais qu'elle s'adressait entièrement et uniquement à moi, avec bienveillance et avec pour but de m'informer du temps. j'ai dit "ouais j'ai vu" mais je voyais rien tomber, depuis ma chaise je pouvais voir que le ciel gris clair, les immeubles gris foncés, les arbres noirs et les grues oranges, il y avait des drapeaux d'entreprise qui se mouvaient avec violence, et j'ai dit à ma mère qu'il y avait trop de vent et alors elle m'a dit "ah oui c'est vrai, regarde les arbres", ça m'a fait penser que chaque personne devait avoir son point de référence pour se rendre compte de l'intensité du vent, on pouvait regarder les feuilles des arbres ou un drapeau quelconque, les cheveux longs d'une passante qui s'écrasent sur son visage ou encore les poils d'un chien. Quoiqu'il en soit, c'était tout un monde qui s'inclinait sous un même souffle, l'idée était belle et je suis retournée devant mon ordinateur.

j'aimerais pouvoir avoir des rapports moins angoissants avec les choses qui m'entourent. l'argent, les vêtements, les gens que je cotois de très près comme de très très loin, mon corps, le futur, mes cheveux, mes paroles, mes lectures, mes cds, mes études, mon sommeil, mon alimentation, l'angoisse du week-end et des vacances, tout arrive à me préoccuper à un niveau que j'imagine inquiétant. il me fait un certain temps pour oublier des choses très simples et bêtes, parfois cela peut empiéter sur le début d'une séance de cinéma ou sur ma journée entière. quand je vois mes amies où d'autres personnes qui peuvent ne pas être des amis, ils semblent à l'aise avec leur argent, avec leur corps et leurs erreurs. Il semble qu'à un moment qui n'excède pas un mois tout arrive à s'oublier, alors que de mon côté je passe mon temps à ressasser mes plus petites erreurs du passé, je trempe littéralement dans mes bavures d'il y a 3 ans, je suis rarement tranquille, au lieu de m'empêcher de dormir tout ces trucs-là m'incitent à enlever mes basques et à m'allonger, oublier l'évidence que je ne serais jamais heureuse.

*

j'ai regardé les clips en pensant au drame de ne jamais comprendre tout à fait les autres, de ne pouvoir les cerner qu'à moitié. j'ai toujours pris la mauvaise habitude de croire les gens moins profonds que moi, de ne pas les croire capables d'être imprévisible et de cacher des histoires ou des pensées intéréssantes, je n'ai toujours demandé qu'à découvrir ce qui pouvait se tramer quand mes yeux - mes caméras - n'étaient pas là. Quand on a le dos tourné les gens s'arrêtent de vivre et enlèvent leurs piles, avec ma soeur on s'amusait toujours de cette idée en sachant très bien qu'elle était bien belle mais forcément fausse, que des vies d'importance égale aux notres continuaient à se dérouler. cette pensée pouvait me faire du mal.